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Tinder, WhatsApp, Twitter... policiers et gendarmes rappelés à l’ordre sur leur usage des réseaux sociaux

 


N. Les deux institutions voient d’un mauvais œil les prises de positions parfois politiques et l’affichage en uniforme sur les réseaux sociaux de fonctionnaires ou militaires. Des fiches rappellent la bonne conduite à avoir. Les applications de rencontre sont aussi concernées


Les directions de la police et de la gendarmerie veillent à la bonne utilisation des réseaux sociaux par leurs agents. Dans leur ligne de mire: éviter une atteinte à la déontologie et une mise en danger des personnels.

Policier ou gendarme, un métier qui impose une rigueur jusque sur les réseaux sociaux. C'est le message que souhaitent passer les directions de la police et de la gendarmerie pour éviter tout dérapage qui pourrait porter atteinte à la déontologie imposée par l'uniforme ou à la sécurité des agents.


Dernier exemple en date, le profil tendancieux d'un gendarme sur l'application de rencontres Tinder. En guise de photo de profil, l'officier utilise fièrement une photo de lui - tête coupée - avec son uniforme. Le gendarme fait preuve d'humour pour attirer d'éventuelles conquêtes en accompagnant cette photo d'un message: "Quitte à se faire baiser par les forces de l'ordre, autant que ce soit consenti et en jouir..."


"Une éducation à faire"

Si l'histoire ne dit pas si ce message a permis à ce gendarme de multiplier les rencontres, l'affaire a été prise très au sérieux par sa hiérarchie, qui y a vu un manquement déontologique aux devoirs de probité et d'exemplarité. L'officier a été suspendu et son exemple a été repris dans une note de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale diffusée en juin dernier à l'attention de tous les gendarmes.


Dans cette note intitulée "ALERTE DÉONTOLOGIE!", révélée par Le Parisien et que nous nous sommes procurée, l'institution fait plusieurs constats. Les militaires font parfois preuve d'un manque de discernement dans leur utilisation des réseaux sociaux, les paramètres de sécurité sont mal maîtrisés, ils ont des difficultés à appréhender la frontière entre vie privée et vie professionnelle et ils ignorent leur responsabilité pénale. L'institution rappelle que les réseaux sociaux, y compris les comptes privés, sont "une vitrine" pour le grand public.


"Beaucoup partagent leur joie de porter l'uniforme, il y a une éducation à faire, estime David Ramos, le vice-président de l'association GENDXXI. L'objectif de cette note est de permettre aux gendarmes de tracer une ligne sur le devoir de réserve. C'est une notion très vague qui n'a pas de définition dogmatique. Et cette notion est soumise à l'appréciation du juge ou de l'officier hiérarchique."

Des sanctions prononcées

D'autant que les conséquences sont lourdes en cas de sanction. "Une sanction comme des jours d'arrêt, c'est une tache sur le CV, insiste David Ramos. Vous êtes alors écarté de l'avancement pendant 5 ans." Des gendarmes ont écopé de plusieurs jours d'arrêt pour des propos tenus, de façon humoristique, sur un groupe privé WhatsApp qui constituaient un manquement à la déontologie et une infraction pénale. 


Dans la police, la vigilance est la même. Chaque direction départementale de sécurité publique dispose d'un service de déontologie. Les CRS peuvent faire l'objet d'une enquête de la part de l'Inspection technique centrale des compagnies républicaines de sécurité. Pour les affaires les plus graves, c'est l'IGPN, la police des polices, qui est saisie.


En école de police, des cours sur le bon usage des réseaux sociaux sont dispensés. Dans les commissariats, des affichages sont réalisés. "Il est important de mettre en garde contre les dérives mais aussi les dangers que peuvent constituer les réseaux sociaux", explique-t-on au Sicop, le service de communication de la police nationale.(...)